atelier philo #26 : Connaître, est-ce reconnaître? (lundi 16 janvier 2023)



1er moment
La "reconnaissance" comme préjugé s'opposerait à la connaissance comme "savoir" authentique?



Nietzsche (1844-1900), 
Le Gai Savoir, §355 : 
"reconnaitre" est le contraire de connaître

De l'origine de notre concept de "connaissance".  L'explication suivante m’a été suggérée dans la rue : j’entendais un homme du peuple dire : « Il m’a reconnu » - et je me demandais aussitôt : qu’est-ce que le peuple peut bien entendre par connaissance ? Que veut-il, quand il veut de la « connaissance » ? Rien d’autre que ceci : ramener quelque chose d'étranger à quelque chose de connu. Et nous autres philosophes – aurions-nous entendu davantage par le terme : connaissance? Le connu signifie : ce à quoi nous sommes assez habitués pour ne plus nous en étonner, notre vie quotidienne, une règle quelconque dans laquelle nous serions engagés, toute chose familière enfin : - qu’est-ce à dire ? Notre besoin de connaissance ne serait-il pas justement ce besoin du déjà-connu ? La volonté de trouver parmi tout ce qu’il y a d’étranger, d’extraordinaire, de douteux, quelque chose qui ne soit plus pour nous un sujet d'inquiétude? Ne serait-ce pas l'instinct de la crainte qui nous incité à connaître? La jubilation de celui qui acquiert une connaissance ne serait-elle pas la jubilation même du sentiment de sécurité recouvré ? ... Tel philosophe estima le monde « connu » dès qu’il l’eut ramené à l’ « Idée » : mais n’était-ce point parce que l’ « Idée » lui était si connue, si familière déjà ? parce qu’il avait entièrement cessé de craindre l’ « Idée » ? – Honte à la suffisance de ceux qui prétendent connaître ! Que l’on examine sous ce rapport les principes et les solutions qu’ils proposent aux énigmes du monde ! Quand dans les choses, sous les choses, derrière les choses, ils retrouvent ce qui, par malheur, ne nous est que trop connu, par exemple notre table de multiplication ou notre logique, ou encore notre vouloir et notre convoitise, comme ils sont heureux, aussitôt ! Car « ce qui est connu est reconnu » : ils sont unanimes à cet égard. Mais les plus circonspects d’entre eux prétendent que le connu tout au moins serait plus facile à reconnaître que ce qui est étranger : il serait par exemple plus méthode de prendre son point de départ dans le "monde intérieur", depuis les "faits de conscience", parce que ce serait là le monde mieux connu de nous-mêmes! Erreur des erreurs! Le connu, c’est l’habituel, et l’habituel est ce qu’il y a de plus difficile à « reconnaître », c’est-à-dire à considérer en tant que problème, donc en tant qu’étranger, que lointain, que situé « hors de nous »… La grande assurance dont les sciences naturelles font preuve par rapport à la psychologie et la critique des éléments de la conscience – sciences que l'on pourrait dire antinaturelles -- tient précisément au fait qu'elles prennent la réalité étrangère pour objet : tandis qu'il y a quelque chose de presque contradictoire et d'absurde à vouloir prendre pour objet ce qui n'est pas étranger..."


 

Pour contextualiser un peu l'idée de Nietzsche,

Par-delà bien et mal (1886), §4 : 

la "vérité" n'est peut-être pas la valeur ultime

 

« Nous ne voyons pas dans la fausseté d’un jugement une objection contre ce jugement ; c’est là, peut-être, que notre nouveau langage paraîtra le plus déroutant. La question est de savoir dans quelle mesure un jugement est apte à promouvoir la vie, à la conserver, à conserver l’espèce, voire à l’améliorer, et nous sommes enclins à poser en principe que les jugements les plus faux (et parmi eux les jugements synthétiques a priori*) sont les plus indispensables à notre espèce, que l’homme ne pourrait pas vivre sans se rallier aux fictions de la logique, sans rapporter la réalité au monde purement imaginaire de l’absolu et de l’identique, sans fausser continuellement le monde en y introduisant le nombre. Car renoncer aux jugements faux serait renoncer à la vie même, équivaudrait à nier la vie. Reconnaître la non-vérité comme la condition de la vie, voilà certes une dangereuse façon de s’opposer au sens des valeurs qui a généralement cours, et une philosophie qui prend ce risque se situe déjà, du même coup, par-delà bien et mal. »


On peut aussi se rapporter aux textes du précédent atelier issus des Secondes Considérations inactuelles.



Exemple pour illustrer le texte de Nietzsche : 
critique de l'idée de causalité 
par David Hume (1711-1776), 
Enquête sur l'entendement humain, section VII, 2ème partie, éditions Aubier, pp.123-125.


"Il apparaît alors que cette idée de connexion nécessaire entre les événements naît du nombre de cas semblables où se présente la conjonction constante de ces événements, et que cette idée ne peut jamais être suggérée par aucun des cas que l'on considérait sous tous les jours et positions possibles.

      Mais dans un nombre donné de cas, il n'y a rien qui diffère de chaque cas isolé qu'on suppose exactement semblable aux autres ; sauf seulement qu'après la répétition de cas semblables l'esprit est porté, par habitude, à l'apparition d'un événement, à attendre celui qui l'accompagne habituellement et à croire qu'il existera. 

      Cette connexion que nous sentons en notre esprit, cette transition coutumière de l'imagination d'un objet à celui qui l'accompagne habituellement est donc le sentiment et l'impression d'où nous formons l'idée de pouvoir ou de connexion nécessaire. Il n'y a rien de plus en l'occurrence. 

      Considérez le sujet de tous les côtés, vous ne trouverez pas d'autre origine de cette idée. C'est la seule différence qu'il y ait entre un cas unique, d'où nous ne recevons jamais l'idée de connexion, et un nombre de cas semblables qui suggère cette idée.

      La première fois qu'un homme vit le mouvement se communiquer par impulsion, par exemple par le choc de deux billes de billard, il ne put affirmer que l'un des événements était en connexion avec l'autre ; il affirma seulement qu'il y avait conjonction. Une fois qu'il eut observé plusieurs cas de cette nature, alors il affirma que les faits étaient en connexion. Quel changement s'est produit, qui engendre cette nouvelle idée de connexion 

    Rien, sinon que maintenant cet homme sent que ces événements sont en connexion dans son imagination et qu'il peut aisément prédire l'existence de l'un de l'apparition de l'autre.

    Quand donc nous disons qu'un objet est en connexion avec un autre, nous voulons seulement dire que ces objets ont acquis une connexion dans notre pensée et qu'ils font surgir cette inférence qui fait de chacun d'eux la preuve de l'existence de l'autre : conclusion qui est quelque peu extraordinaire, mais qui semble fondée sur une évidence suffisante. On n'affaiblira pas son évidence si l'on se défie, dans l'ensemble, de l'entendement, ou si l'on entretient des doutes sceptiques sur toute conclusion nouvelle et extraordinaire. Il ne peut y avoir de conclusions plus agréables au scepticisme que celles qui font découvrir la faiblesse et l'étroitesse du champ de la raison et des capacités humaines.

     Et quel plus puissant exemple peut-on produire de l'ignorance et de la faiblesse surprenante de l'entendement que l'exemple présent ? Car sûrement, s'il y a une relation entre les objets qu'il nous importe de connaître parfaitement, c'est celle de cause et d'effet. C'est sur elle que se fondent tous nos raisonnements sur les questions de fait ou d'existence. C'est elle seule qui nous permet d'atteindre la certitude sur les objets qui sont privés du témoignage présent de notre mémoire et de nos sens. 

     La seule utilité immédiate de toutes les sciences est de nous enseigner comment nous pouvons contrôler et régler les événements futurs par leurs causes. Nos pensées et nos recherches s'emploient donc, à tout moment, autour de cette relation ; pourtant, les idées que nous formons à son sujet sont si imparfaites qu'il est impossible de donner une juste définition de la cause, sinon, celle qu'on tire de ce qui lui est extérieur et étranger.

     Des objets semblables sont toujours en connexion avec des objets semblables. Cette conjonction, nous en avons l'expérience. D'accord avec cette expérience, nous pouvons donc définir une cause comme un objet suivi d'un autre et tel que tous les objets semblables au premier sont suivis d'objets semblables au second. Ou, en d'autres termes, tel que, si le premier objet n'avait pas existé, le second n'aurait jamais existé. 

     L'apparition de la cause conduit toujours l'esprit, par une transition coutumière, à l'idée de l'effet. Cette transition aussi, nous en avons l'expérience. Nous pouvons donc, conformément à cette expérience, former une autre définition de la cause et l'appeler un objet suivi d'un autre et dont l'apparition conduit toujours la pensée à l'idée de cet autre objet. 

   Ces deux définitions sont tirées de circonstances étrangères à la cause et, pourtant, nous ne pouvons remédier à cet inconvénient et atteindre une définition plus parfaite qui puisse désigner, dans la cause, la circonstance qui la met en connexion avec son effet. Nous n'avons pas d'idée de cette connexion, ni même aucune notion distincte de la nature de ce que nous désirons savoir, quand nous nous efforçons de la concevoir. Nous disons, par exemple, que la vibration de cette corde est la cause de ce son particulier. Mais qu'entendons-nous par cette affirmation ? Nous entendons, ou que cette vibration est suivie de ce son et que toutes les vibrations semblables ont été suivies de sons semblables, ou que cette vibration est suivie de ce son et qu'à l'apparition de l'une l'esprit devance les sens et forme immédiatement une idée de l'autre. Nous pouvons considérer la relation de cause à effet sous l'un de ces deux jours ; mais, en dehors d'eux, nous n'en avons pas d'idée."

petite explication ici http://lechatsurmonepaule.over-blog.fr/2018/01/hume-et-le-concept-de-causalite-explication-d-un-extrait-de-l-enquete-sur-l-entendement-humain.html 

Autre exemple : Montaigne et les préjugés ethnocentriques
Les Essais, "Des cannibales"

    "Or je trouve, pour revenir à mon propos, qu'il n'y a rien de barbare et de sauvage en cette nation, à ce qu'on m'en a rapporté, sinon que chacun appelle barbarie ce qui n'est pas de son usage ; comme de vrai, il semble que nous n'avons autre mire de la vérité et de la raison que l'exemple et idée des opinions et usages du pays où nous sommes. Là est toujours la parfaite religion, la parfaite police, parfait et accompli usage de toutes choses. "

Texte complet ici https://gallica.bnf.fr/essentiels/anthologie/cannibales 

cf. la méthode cartésiennequi veut combattre les préjugés par l'exercice de la pure raison

« c'est bien plus la coutume et l'exemple qui nous persuadent qu'aucune connaissance certaine ». 

Notre principale responsabilité, puisque nous sommes dotés, affirme-t-il, d'une raison, est de  « l'appliquer bien » (I, 1),de faire « un usage entier de la raison » (VI, 1), de soumettre toutes nos idées « à l'évidence de la raison » (IV, 8). 

Les quatre « préceptes » de la méthode sont les suivants : 

« Le premier était de ne jamais recevoir aucune chose pour vraie que je ne la connusse évidemment être telle : c'est-à-dire d'éviter soigneusement la précipitation et la prévention ; et de ne comprendre rien de plus en mes jugements, que ce qui se présenterait si clairement et si distinctement à mon esprit, que je n'eusse aucune occasion de le mettre en doute.

     Le second, de diviser chacune des difficultés que j'examinerais, en autant de parcelles qu'il se pourrait et qu'il serait requis pour les mieux résoudre.

     Le troisième, de conduire par ordre mes pensées, en commençant par les objets les plus simples et les plus aisés à connaître ; pour monter peu à peu, comme par degrés, jusques à la connaissance des plus composés, et supposant même de l'ordre entre ceux qui ne se précèdent point naturellement les uns les autres.

     Et le dernier, de faire partout des dénombrements si entiers et des revues si générales, que je fusse assuré de ne rien omettre. » (II, 7-10)


sur la différence entre savoir et mémoire, on peut aussi lire un petit texte très connu de Descartes; expliqué dans les Chemins de la philosophie par Nicolas Franck : https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/les-chemins-de-la-philosophie/bac-philo-2015-2eme-session-4-4-explication-descartes-regles-pour-la-direction-de-l-esprit-2269028 


Exemple dans le domaine des relations humaines : familiarité et proximité

Jean-Louis Chrétien, L'effroi du beau

    "Fondée dans la maniabilité et la disponibilité, [la proximité de la chose] est liée à nos possibilités de prise, et nous entoure d’un horizon de présence potentielle. (...) Essentiellement irréfléchie, cette proximité jamais n’est rencontrée, mais forme plutôt le milieu lui-même inaperçu de nos quotidiennes rencontres. (...) Le proche est en ce premier sens le saisissable par excellence, ce qui peut être pris, manié, utilisé, s’effaçant toujours dans nos fins et nous ramenant toujours à nos propres entreprises. [...]

    Il y a une proximité familière où l’autre se réduit pour nous à la chose disponible. Proche sans être approché, assuré sans le don de la confiance, prévisible sans même que cette prévision ait à calculer ou à se réfléchir, disparaissant dans l’évidence même de sa présence, autrui est devenu fonds. [...] Je prends une connaissance expresse de la chose et de sa place quand elle n’y est plus.[...] Il semble qu’il en aille de même dans la révélation de la proximité d’autrui lorsque tout à coup je ne le trouve plus là où je l’attendais, que cela tienne à son absence, à son éloignement, à son comportement inhabituel, ou à sa réponse insolite et déconcertante. Communément la proximité se découvre là où elle est interrompue, et le besoin là où il n’est plus satisfait. Tout ici pourtant diffère.

     La proximité de la chose saisissable dans la familiarité est vraiment proximité de la chose ; la proximité d’autrui selon le même mode l’éloigne dans un lointain sans mesure de n’être même pas soupçonné, elle est une pour nous avec la disparition de son altérité et de sa transcendance.

    [...] La rupture de cette familiarité ne présente pas non plus le même sens dans les deux cas. L’absence de la chose révèle ce qu’était la chose. L’absence d’autrui ne m’ouvre pas nécessairement à lui, mais me jette en une situation critique et décisive, où la relation est mise en demeure d’accéder à la vérité ou de s’enfoncer dans une non-vérité plus profonde encore.

Une attitude insolite d’autrui, échappant à mon horizon d’attente familière, peut me révéler qu’il est toujours insolite, essentiellement étonnant par son altérité, et m’ouvrir à un émerveillement qui ne soit pas devant l’extraordinaire, mais devant l’ordre même de la liberté de l’autre. Mais elle peut aussi m’apparaître comme un écart déconcertant à une norme d’évidence que je n’aurai de cesse d’avoir rétablie en l’élargissant encore davantage, pour en reformer la rassurante inadvertance.

Son absence ou son éloignement peut m’ouvrir à son visage que dans la familiarité je ne voyais plus ou ne le voyais pas, et me faire désirer une présence où toujours je serais éveillé déjà pour son aurore ; mais son absence peut aussi ne me montrer que mon propre besoin de cette familiarité, et me faire désirer passionnément un retour à l’état antérieur, qui était d’effacement. "





2e moment
Mais comment apprendre sans reconnaître? 
Ne faut-il pas "reconnaître la vérité quand on la rencontre 
pour dire qu'on la connaît?


Platon et la réminiscence
Ménon  82e et Phédon 73a 

La question centrale  du dialogue est la suivante : peut-on enseigner la vertu?

Pour contredire la théorie des sophistes qui prétendent enseigner la vertu, Socrate se réfère à la théorie de la réminiscence, selon laquelle notre âme aurait contemplé la vérité et serait capable de s'en ressouvenir pourvu qu'elle soit questionnée de façon habile. La vérité  est donc dans notre mémoire, mais comme recouverte. Pour établir ce qu'il avance, il fait un résoudre un problème de mathématiques par un esclave.

    L'esclave commence par se tromper, puis se rend compte que sa réponse ne conviant pas grâce aux indices de Socrate, si bien qu'il se trouve dans l'embarras et accepte de répondre aux questions suivante pour chercher la vérité; d'après Socrate cette recherche est un "ressouvenir", puisque Socrate lui-même n'a rien expliqué et que l'esclave a trouvé la solution seul, guidé par les questions.



Pour ceux qui souhaiteraient approfondir la question : https://www.cairn.info/revue-philosophique-2011-1-page-37.htm Article Christophe Grellard sur le Ménon et les débats médiévaux auxquels il a donné lieu.


Augustin et la doctrine du Maître intérieur

Le Maître

    Dans ce dialogue, saint Augustin échange avec son fils Adéodat, pour savoir si l'on peut apprendre par la parole (les mots ne sont que des signes), en montrant, ou pas du tout!

    « Personne ne peut être appelé maître sur cette terre parce qu’il n’y a qu’un seul Maître qui est dans les cieux » (Augustin, De Magistro)… qui fait référence au verset huit du vingt- troisième chapitre de l’Evangile selon saint Matthieu : « Mais vous, ne vous faites pas appeler Rabbi ; car un seul est votre Maître, et vous êtes tous frères ».  

    Adéodat affirme « les mots ne font qu’éveiller l’attention » (De Magistro, II, 2) ; et Augustin répond : « Tu as bien compris. Je crois que tu remarqueras aussi ceci : si on prétend que sans proférer aucun son, en pensant seulement les mots, nous parlons intérieurement en notre âme, eh bien, même ainsi, le langage ne fait rien d’autre que rappeler ; car la mémoire en évoquant les mots conservés, fait retenir à l’esprit les choses dont les mots sont les signes »  (DM 37)

    "Mais au sujet de toutes les réalités dont nous avons l'intelligence, ce n'est pas une parole qui résonne au dehors, c'est la Vérité qui préside intérieurement à l'esprit lui-même que nous consultons, avertis peut-être par les mots pour la consulter. Or celui que nous consultons est celui qui enseigne, le Christ dont il est dit qu'il habite l'homme intérieur (Ep, 3, 16-17), c'est-à-dire la Sagesse de Dieu immuable et éternelle ( 1 Co 1, 24); c'est elle que consulte toute âme raisonnable; mais elle ne s'ouvre à chacune que selon sa capacité, en raison de sa volonté bonne ou mauvaise." (DM, 38)

    Le rapport du maître au disciple est une relation triangulaire, dès lors que le disciple ne se contente jamais d’admettre ce que dit le maître, il « examine toujours en lui-même », et connaît la vérité grâce au Maître intérieur, Jésus. C'est dire ici que la connaissance de la vérité est indissociable de la foi. En ce sens, personne n'est disciple d'un autre homme, nous sommes tous des condisciples.

    Augustin reprend ici la doctrine de Paul qui distingue l'homme extérieur (l'homme terrestre) et l'homme intérieur (la partie de nous-mêmes capable de se tourner vers Dieu, et d'accéder ainsi à la Vérité)

    Pour les choses sensibles, finalement, ce n'est pas la parole qui instruit, mais le fait de les constater, la parole avertit seulement. Et pour ce que nous percevons pas l'esprit, celui qui enseigne et celui qui comprend contemplent tous les deux la Vérité qui se révèle en eux grâce à Dieu. (DM, 39, 40)

    Le dialogue complet est disponible sur Wikisource https://fr.wikisource.org/wiki/Du_Maître


    Augustin reprend son idée dans Les Confessions « Si tous les deux nous voyons que ce que tu dis est vrai, si tous les deux nous voyons aussi que ce que je dis est vrai, où, je te prie, le voyons-nous ? Moi assurément, ce n’est pas en toi, toi, ce n’est pas en moi ; mais tous les deux, dans l’immuable Vérité elle-même qui est au-dessus de nos esprits (Les Confessions XII) . »

    Puis dans le commentaire sur la Lettre de saint Jean «  … le Maître est à l'intérieur. Ne pensez pas que l'on puisse apprendre quelque chose d'un homme. Nous pouvons attirer votre attention par le tapage de notre voix ; s'il n'y a pas au-dedans quelqu'un pour vous enseigner, ce tapage est inutile. ( … ) Autant qu'il est en moi, j'ai parlé à tous ; mais ceux à qui cette onction ne parle pas au dedans, ceux que l'Esprit-Saint n'enseigne pas au dedans, s'en retourneront ignorants. ( … ) C'est le Maître intérieur qui enseigne, le Christ qui enseigne, son inspiration qui enseigne. Où ne sont pas son inspiration et son onction, inutile est le tapage des mots au dehors. » Extrait du Commentaire sur la I° Epître de saint Jean, tr. IV, ch. II, P.L. t. XXXV, trad. R.P. Camelot, in La Vie spirituelle, octobre 1946



Descartes :  quel critère pour chercher et trouver la vérité?

Le Discours de la Méthode


    A l'opposé de saint Augustin, on trouve chez Descartes la volonté de comprendre par sa propre raison la vérité. > retour sur le critère d'évidence!



3e moment

si la mémoire n'équivaut pas à la compréhension, elle est nécessaire à la connaissance réelle.

étonnement, dépaysement, construction, repères...

mémoire des contenus et mémoire des procédés; 
exercice et actualisation (Aristote)
étonnement mais nécessité de s'appuyer sur ce qu'on connaît déjà
toujours risque de sédimentation


Descartes Discours de la méthode
      Descartes souligne la nécessité de s’entraîner. Ainsi, en pratiquant la méthode, il sent que « [son] esprit s’accoutum[e] peu à peu à concevoir plus nettement et plus distinctement ses  objets «  (II, 13)

« Et pour moi, je me persuade que si l'on m'eût enseigné, dès ma jeunesse, toutes les vérités dont j'ai cherché depuis les démonstrations, et que je n'eusse eu aucune peine à les apprendre, je n'en aurais peut-être jamais su aucunes autres, et du moins je n'aurais acquis l'habitude et la facilité, que je pense avoir, d'en trouver toujours de nouvelles à mesure que je m'applique à les chercher » (VI, 6).










Commentaires